Ivoirienne vivant en Jamaïque depuis des années. Mama Kaffé a réussi à se faire une place parmi la crème du Reggae dans ce pays. Première femme africaine à avoir signé avec un major en 2014, elle est une fierté pour la Côte d’Ivoire et pour l’Afrique. Gbich ! l’a rencontrée pour qu’elle retrace son parcours d’Abidjan à Kingston…
Présente-toi à nos lecteurs !
Mariam Emilie Cherif Brou Legros, est mon nom à l’état civil. Ma mère est Peulh de Guinée Conakry et mon père, Baoulé de Côte d’Ivoire… Je suis née un mois de Juillet à Yopougon.
Mariam Emilie Cherif Brou Legros, est mon nom à l’état civil. Ma mère est Peulh de Guinée Conakry et mon père, Baoulé de Côte d’Ivoire… Je suis née un mois de Juillet à Yopougon.
Pourquoi Mama Kaffé ?
C’est mon grand frère qui m’a nommée Mama Kaffé en 2002, car il a vu que je suis une grande passionnée de café. Partout où je vais, je dois avoir du café avec moi. En plus, le café est un élément représentatif de mon pays, la Côte d’Ivoire.
On dit que tu es ivoirienne, c’est vrai ?
(Rire)… Je ne ressemble pas à une ivoirienne ? Pourtant, je viens de te dire que ma mère est de la Guinée et mon père, Ivoirien. J’ai vécu en France quand j’avais 10 ans jusqu’à mes 21 ans sans retourner en Côte d’Ivoire.
Comment commence ton histoire avec la musique ?
Tout commence vers 1995 avec la musique traditionnelle. J’ai appris à jouer des instruments traditionnels comme le ‘’Djimbé’’, le ‘’Kenkeni’’… J’écoutais beaucoup les groupes traditionnels. Adama Dramé, Yélemba, le Ballet National de Guinée, du Mali… Puis en 1996, j’ai entendu la chanson ‘’Stir It up’’ de Bob Marley. Ça m’a tellement touchée que j’ai décidé de consacrer ma vie à la musique Reggae en l’étudiant profondément.
Tout commence vers 1995 avec la musique traditionnelle. J’ai appris à jouer des instruments traditionnels comme le ‘’Djimbé’’, le ‘’Kenkeni’’… J’écoutais beaucoup les groupes traditionnels. Adama Dramé, Yélemba, le Ballet National de Guinée, du Mali… Puis en 1996, j’ai entendu la chanson ‘’Stir It up’’ de Bob Marley. Ça m’a tellement touchée que j’ai décidé de consacrer ma vie à la musique Reggae en l’étudiant profondément.
Mama Kaffé |
Raconte-nous comment tout ça t’a conduite en Jamaïque ?
C’est le Reggae et le Nayabingui qui m’ont conduite en Jamaïque. Je ne parlais même pas l’anglais, mais je ‘ai dit que je voulais étudier cette musique en profondeur. Je ne connaissais personne dans ce pays certes, mais j’avais décidé de vivre mon aventure.
Pendant 10 ans, j’ai travaillé, économisé, appris tout ce que je pouvais apprendre sur la Jamaïque avant d’atterrir là-bas pour la première fois en juillet 2007. J’avais beaucoup voyagé en Afrique de l’Ouest, en Europe… alors j’étais déjà bien habitué aux voyages. Je peux dire que j’ai ça dans les gènes, car de par leur travail, ma mère et mon père sont de grands voyageurs.
Mais ici chez toi, tu es méconnue, pourquoi ?
Pour moi, la fondation du Reggae est en Jamaïque; alors mon objectif est de rester et développer mon feeling jamaïcain, mon anglais afin de ressentir les vib’s des studios de musique jamaïcains pour m’imposer ici. Et c’est entrain de se faire. Etudier le Reggae pour moi, c’est aussi voir où nos parents, Peter Tosh, Bob Marley, Jimmy Cliff sont passés. Et petit à petit, j’ai commencé à travailler mes chansons, apprendre le business de la musique, construire ma carrière aussi. Je n’oublie pas mon Afrique d’où je viens.
Je fais une passerelle entre l’Afrique et la Jamaïque. Quand je suis en Afrique, j’achète les tissus pagnes, bogolans, beurre de karité, la musique… que je vais vendre en Jamaïque …
Les Jamaïcains aiment beaucoup l’Afrique et aiment ce que je fais entre les deux pays. Et pareil, quand je rentre en Afrique, je ramène du matériel de la Jamaïque.
Mama Kaffé |
Tu as signé avec une major, mais qu’est-ce qui coince ?
Rien ne coince… On t’a dit que quelque chose coince ? Non, ma vie, c’est de continuer la connexion spirituelle et physique entre mes deux pays. Donc rien ne peut coincer, au contraire.
En avril 2014, j’ai été la toute première Africaine à signer avec la maison de reggae internationale VP Records. Me faire reconnaitre avec ma musique entre mon Afrique et ma Jamaïque sera un de mes accomplissements personnels.
Si ça ne marche pas, pourrais-tu changer de métier ?
Mais je viens de te dire que je suis la toute première Africaine à signer avec le label VP RECORDS qui est le label Reggae N°1 au monde. Ils ne signent pas avec des loosers…. Et moi, je ne connais pas le mot ‘’abandon’’, ‘’désespoir’’….
En revanche, j’aime les mots ‘’victoire’’, ‘’réussite’’… l’effort mental et physique dans le travail pour réussir. Marcus Garvey, Thomas Sankara, Patrice Lumumba, Amilcar Cabral, Nelson Mandela, Petre Tosh, Bob Marley, Lucky Dube sont mes leaders et inspirateurs dans ma vie de tous les jours.
C’est quoi ton actualité ?
Je travaille sur mon album depuis 3 ans maintenant. Je veux le meilleur ; alors ça prend du temps, de l’énergie et de l’argent.
Mais, pour 2015, je voudrais sortir mon premier album en reggae, une tournée en Afrique, en Europe pour commencer et ensuite le monde entier.
Faire la sortie de l’album en Côte d’Ivoire, mon pays et la Jamaïque.
D’ailleurs s’il y a des promoteurs et sponsors en Côte d’Ivoire qui sont intéressés en lisant cette interview, ils sont les bienvenus.
D’ailleurs s’il y a des promoteurs et sponsors en Côte d’Ivoire qui sont intéressés en lisant cette interview, ils sont les bienvenus.
Avec ton look, tu es Reggaewoman ou Rasta ?
Tu ne trouves pas mon look naturel ? Tu n’aimes pas ? (Sourire)… les couleurs vert, jaune, rouge, ne sont pas juste des couleurs de rasta ; c’est avant tout des couleurs du panafricanisme. Le vert pour la verdure, la prospérité, l’espoir. Le jaune pour l’or africain, le soleil et le rouge pour le sang de nos ancêtres qui a coulé… Alors, même si tu n’es pas Rasta et que tu es Noir, Africain, ces couleurs s’adressent à toi. Moi, je suis rasta et panafricaniste. ‘’Africa Unit’’ avait dit le prophète Bob Marley.
Donc, l’herbe forcément ?
La Ganja, l’herbe est la santé de la Nation. Et ce n’est pas moi qui le dis. Bob Marley l’a chanté, maintenant les Etats unis, le Canada, l’Europe cultivent la Ganja pour soigner les malades, les personnes ayant le cancer, les personnes dépressives.
Aussi, la Ganja est légalisée dans les magasins, bars, en Amérique, Europe… Tupeux aller acheter ta Ganja pour la consommer. Et puis l’herbe est utilisée dans les grandes industries de textiles ; ça remplace le pétrole dans certains cas, donc, meilleure pour l’environnement. Chez nous les Rastas, l’herbe est utilisée pour les moments de prières et de méditations.
Attention, ce ne sont pas tous les rastas qui en consomment !
Attention, ce ne sont pas tous les rastas qui en consomment !
C’est quoi ta vie en Jamaïque ?
Ma vie en Jamaïque est douce… Il y a beaucoup de rivières, les eaux de sources, de différents légumes, de fruits, le soleil brille chaque jour comme chez moi en Côte d’Ivoire. Il y a 2 mois de saisons de pluie aussi. Les gens vivent beaucoup avec le style américain, et dans les campagnes tu as un peu du style africain. Pour te dire que Mama Kaffé est une femme, une chanteuse, une citoyenne jamaïcaine et africaine.
Mama Kaffé |
Connais-tu des artistes Ivoiriens, as-tu déjà collaboré avec eux ?
Oui, je connais le vieux père Blondy, Ismaël Isaac, Kajeem, Tiken Jah et… Pas véritablement collaboré avec eux, mais je sais que ce sont des grands du Reggae Ivoirien, Africain et même dans le monde. Big up à eux.
Ta Gbicherie…
Mon coup de gueule est de voir que des frères et sœurs Africains, d’un même continent s’entretuent, gâtent et divisent leur pays. L’exemple de la Côte d’Ivoire qui est un pays d’unité, où on est tous ensemble malgré nos divergences et différences, la Côte d’Ivoire était un pays de paix et doit le redevenir.
Une blague…
Une blague…
En 2011, j’étais au pays, j’allais à Cocody pour rencontrer Alpha Blondy pour la première fois, mais je m’étais égaré et là j’ai vu deux soldats armés me tomber dessus et me demander ce que je fais.
Ils étaient surexcités. Ils m’ont demandé d’ouvrir mon sac, ce que j’ai fait. Dedans il y avait mon CD, des CD de Lucky Dube, Peter Tosh, des photos de moi en Jamaïque. Les deux soldats ont détourné leurs fusils de moi et m’ont demandé : c’est quelle musique ça ? Je leur ai dit ‘’Reggae’’ et que je vis en Jamaïque…
Ils étaient surexcités. Ils m’ont demandé d’ouvrir mon sac, ce que j’ai fait. Dedans il y avait mon CD, des CD de Lucky Dube, Peter Tosh, des photos de moi en Jamaïque. Les deux soldats ont détourné leurs fusils de moi et m’ont demandé : c’est quelle musique ça ? Je leur ai dit ‘’Reggae’’ et que je vis en Jamaïque…
J’ai donné un exemplaire de mon CD à chacun et ils m’ont laissé partir.
Ce jour là, j’ai manqué mon rendez-vous avec Alpha, mais le Reggae et la Jamaïque m’ont sauvé de la colère de ces deux soldats… Pour dire que le Reggae unit les gens…
Ce jour là, j’ai manqué mon rendez-vous avec Alpha, mais le Reggae et la Jamaïque m’ont sauvé de la colère de ces deux soldats… Pour dire que le Reggae unit les gens…
Avec ta permission, je voudrais saluer ma famille à Bingerville, Gloundé Symphorien et son papa, Jackus Marley et sa femme, qui m’ont toujours soutenu. Big up à Geneviève Dagry, Jhon Jay, Spongi Reggae, Gunn Deevine, Zion FM, Awa Touré, qui diffuse le Reggae à la télé et à la radio au pays.
Merci à toi Serge Alex et GBICH ! pour cette interview qui est la première dans un journal ivoirien.
Merci à tous mes fans.
Interview réalisée parMerci à toi Serge Alex et GBICH ! pour cette interview qui est la première dans un journal ivoirien.
Merci à tous mes fans.
Bléhiri Serge Alex
Source : www.gbich.com
N° 806 du 16 au 22 avril 2015.